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  Réalisations Fille-Dieu historique

Réalisation

 1990 - 1996

Abbaye de la Fille-Dieu, Romont      Historique

Un long parcours
 

- Le monastère de la Fille-Dieu a été fondé vers 1268, sur une plaine marécageuse au nord de la ville de Romont (Suisse, canton de Fribourg). Il a été habité dès sa fondation et pratiquement sans discontinuer au cours de ses six siècles d'existence, par une communauté de moniales. L'affiliation à l'Ordre Cistercien a eu lieu vers 1348.

L'usage de l'édifice a impliqué des adaptations successives du lieu de vie à de nouvelles exigences pratiques qui se sont traduites par des interventions architecturales multiples. Ces interventions ont également été le reflet de l'évolution spirituelle et culturelle de l'Abbaye, ainsi que de la compréhension même de la vie monastique. Elles ont des liens étroits avec l'évolution de la société en général et de l'histoire de la cité de Romont, en particulier.

Les apports architecturaux significatifs ont en général témoigné du soutien de tel ou tel pouvoir civil. Ainsi, la construction de l'église au XIVe siècle marque l'apogée de l'influence de la Famille de Savoie dans la région, et son rôle de protecteur de l'Abbaye.

- L'analyse archéologique a montré l'existence d'un premier projet d'église datant du XIIIe siècle, dont seul le côté sud a été réalisé.
Des fondations mises à jour permettent la restitution du plan inachevé d'une église typiquement cistercienne (proche du plan de l'église abbatiale de la Maigrauge, fondée vers 1255), avec un chevet plat et encadré de deux chapelles, également à chevet plat.
plans archéologiques

(dessins Service Archéologique Fribourgeois)

       

La construction de cette église a été assez rapidement interrompue, faute d'argent sans doute, et la jeune communauté a dû se contenter d'une église provisoire en bois, appuyée contre le mur déjà construit, dont quelques fondations de poteaux ont pu être identifiées
par les fouilles.

- La construction proprement dite de l'église actuelle date de la première moitié du XIVe siècle. Le plan de l'église a été revu à cette occasion, et son tracé, qui intégrait une partie des murs du XIIIe siècle, a été basé sur un double carré pour la nef et un double carré plus petit pour le sanctuaire.
Le sanctuaire a été couvert par une voûte sur ogives. Les ogives reposent sur des culots en consoles, libérant ainsi le bas du mur de tout pilier. Les poussées de la voûte sont reprises par des contreforts extérieurs.
La nef, dont les murs furent construits partiellement en molasse appareillée, fut couverte par un plafond en bois. La charpente repose sur les murs latéraux et sur une rangée de piliers en chêne, créant ainsi une division en vaisseau central et bas côtés. Les bas côtés ont été couverts d'un plafond plat, la nef centrale d'une voûte polygonale.

les éléments du XIVe siècle    

La structure de la charpente a sans doute subi des modifications importantes au milieu du XVe siècle, puisque deux des piliers de la nef, au moins, ont été remplacés, peut être pour la construction d'un nouveau clocheton, construction mentionnée par les textes.

- Plusieurs opérations ont remodelé l'image intérieure de l'église au cours des siècles suivants. En 1618, en application du rétablissement de la clôture lors de la contre-réforme, une tribune, vaste et profonde, est construite dans les deux tiers occidentaux de la nef. Sur cette tribune prend place un nouvel ensemble de stalles, mettant le choeur des moniales hors de la vue des séculiers.
Les bâtiments monastiques, encore au sud de l'église à cette époque, sont remaniés de façon importante à la fin du XVIIe siècle.

- Entre 1724 et 1726, le monastère est reconstruit au nord de l'église, autour du quadrilatère du cloître, dont un des côtés consiste en une simple galerie de bois adossée contre le mur nord de l'église, et couvrant des tombes. Du couvent sud ne subsiste que l'aile ouest, fortement reconstruite en 1695. Le passage voûté traversant ce bâtiment continue de servir d'entrée au monastère.
Le choeur des moniales est alors déplacé dans l'aile Est du nouveau couvent, où il restera jusqu'à notre époque. Les stalles de 1618 y sont installées, non sans quelques adaptations.

éléments baroques        

- Un projet important de transformation est établi en 1872 par le Père Hartmann, jésuite établi comme père-directeur à la Fille-Dieu. Sa correspondance nous aide à comprendre les motivations de l'époque. L'église, à moitié vide puisque les moniales n'y sont plus, est jugée inutilement grande et difficile d'entretien. Sa toiture est dans un état critique. Il est alors décidé d'utiliser les deux tiers de l'espace de la nef pour y construire les locaux d'accueil (la nouvelle hôtellerie), et en même temps, de démolir la tête nord du bâtiment de 1695 pour ne pas "priver les nouveaux locaux de soleil". Le projet, dessiné au revers d'anciens bulletins scolaires, présente essentiellement des préoccupations pratiques et économiques de la part de son auteur. Il semble assez étranger aux démarches architecturales académiques de cette époque.

- Trois niveaux habitables et un niveau de combles ont été construits dans la partie occidentale de la nef. La façade ouest a été reconstruite, sauf la partie basse et sa porte médiévale. Le matériel de démolition a, heureusement, été en grande partie utilisé dans la construction neuve.
projet de 1873       

- Entre 1908 et 1911, divers travaux de construction et d'aménagement du monastère ont eu lieu (reconstruction en pierre de l'aile sud du cloître, nouvelle voûte en plâtre dans la nef, nouveau décor de faux appareil sur les murs de l'église...).
Puis le sanctuaire a été pourvu d'un mobilier néogothique neuf autour de 1913. Les stalles de 1618 ont alors été données à la paroisse voisine de Billens et remplacées par un ensemble néogothique assez riche.

- Divers travaux d'entretien ont ensuite eu lieu jusqu'en 1965, sans véritable visée architecturale. En 1965 a débuté une restauration partielle de l'église (arch. P. Margot). Le mobilier liturgique néogothique a été éliminé peu avant. Des sondages permettent alors de découvrir la qualité des décors muraux, dont une restauration provisoire est entreprise. La fouille de la nef a permis de comprendre la succession des niveaux de sols. Les dallages anciens, en divers états de conservation, ont par contre été éliminés. Les dalles funéraires retrouvées ont été présentées de manière muséographique.
travaux de 1965      

- La restauration de 1965 a permis de mettre en lumière la valeur du monument. Elle a concerné principalement l'épiderme de l'édifice et les niveaux de sol. La structure spatiale n'a pas été modifiée. L'idée de retrouver la grande nef, de la porte occidentale à l'entrée du sanctuaire, était présente lors de l'opération de 1965, mais considérée comme une utopie, jusqu'en 1985 en tout cas. En 1981, un appartement pour l'aumônier a été aménagé dans les combles de la partie occidentale.
- L'idée de la restauration de la nef a été reprise tout d'abord dans un travail académique (travail de diplôme, T. Mikulas, EPFL 1986), qui a concerné avant tout l'aménagement général du monastère. Le projet détaillé de restauration de l'église n'était pas envisageable, faute d'une connaissance archéologique suffisante de l'édifice, mais ce projet a permis de relancer le débat sur le rétablissement d'un espace liturgique dans la partie occidentale de la nef.

D'idée, l'utopie était devenue image.
divers liens :
  • Un extrait du Dictionnaire historique de la Suisse, article sur la Fille-Dieu
  • Bujard Jacques et Auberson Anne-Francine : La Fille-Dieu à Romont, dossier archéologique d'un monastère de moniales cisterciennes (CAF 20/2018 Etudes).
  • Dossier "Compte-rendu de recherches menées aux archives du monastère" de la Fille-Dieu par l'historien Ivan Andrey, juillet 1980 (texte et annexes)
  • Schätti Nicolas : La Fille-Dieu au Moyen Age, rapport de recherches, 1993, 138 pages
  • Bref historique par Serge Rossier, historien et Vice-Président de Patrimoine Suisse Section Gruyère - Veveyse


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