CH - 1613 Maracon             Accueil    Actualités    Projets    Réalisations    Publications    Liens    Plan du site 
  Réalisations Fille-Dieu Vitraux de Brian Clarke

Réalisation

 1990 - 1996

Abbaye de la Fille-Dieu, Romont      Les vitraux de Brian Clarke

L'art de la lumière

- La réalisation des vitraux de l'église abbatiale fut la dernière et une des plus importantes interventions sur ce bâtiment. Un ensemble de 14 vitraux fut créé pour les 14 fenêtres de l'église et posé quelques jours avant l'inauguration de l'église, en août 1996.
Cet ensemble fut créé par l'artiste britannique Brian Clarke, de renommée mondiale, et réalisé à l'atelier Franz Mayer'sche Hofkunstanstalt à Münich (D), partenaire habituel de Brian Clarke.

La complémentarité des vitraux de Clarke avec le reste de la restauration est exemplaire. Dans un édifice presque monochrome, déclinant toutes les nuances de beige-ocre (le sol, les murs, le décor peint, les éléments en bois), les vitraux colorés de Clarke rassemblent vigoureusement les autres éléments en un tout vivant.
L'individualité de chaque panneau est complémentaire de son rôle dans l'ensemble. L'observateur attentif remarquera les différents temps de la composition d'ensemble, jouant et marquant la spécificité de chaque lieu (nef sud et nord, sanctuaire bleuté...) en relation avec la course du soleil.

Le rôle architectural que le décor peint ancien, conservé de manière trop fragmentaire, n'arrive plus à tenir a été repris par les vitraux de Clarke d'une admirable façon. Par dessus tout, c'est l'ambiance chaude et vibrante que créent ces vitraux avec la lumière changeante du jour qui en fait un apport déterminant pour toute la restauration.

 

Eléments historiques avant les vitraux de B. Clarke        
Historique

- L'église comprenait, avant les travaux de restauration, une vitrerie relativement disparate dans les différentes fenêtres existantes.
Le sanctuaire avait reçu, après la restauration des années 1965-68, une série de vitraux de l'artiste Yoki Aebischer, que l'on peut classer en deux groupes :
- dans la fenêtre sud-est, un vitrail à la Vierge à l'enfant, figuratif et coloré,
- dans les deux autres fenêtres, dont la verrière Est en particulier, des vitraux en grisaille, au dessin sobrement répétitif.
Dans la nef, un fragment de vitrerie en fonds de bouteille, retrouvé dans la fenêtre Est du bas-côté sud, avait servi de base à une reconstitution de cette vitrerie sur la hauteur de cette fenêtre. La datation de cette vitrerie est incertaine, mais elle doit être antérieure au milieu du XVIIe siècle car masquée depuis cette date par un retable, déplacé en 1965 dans la sacristie située au nord de la nef centrale.
Les deux fenêtres sud de la nef raccourcie avaient également été garnies de fonds de bouteille et de deux petits vitraux de cabinet de Yoki Aebischer.
Les autres fenêtres de l'église ne possédaient pas de vitraux, bien entendu, puisque elles étaient soit murées soit servaient à d'autres usages.
Ce côté disparate de la vitrerie existant en 1991 a certainement encouragé la Communauté des moniales à souhaiter une oeuvre nouvelle et cohérente pour les fenêtres de l'église.

- On possède peu d'informations sur la vitrerie ancienne de l'église. Trois vitraux figuratifs du XVe siècle sont conservés au musée historique de Berne. L'étude de M. Stefan Trümpler (responsable du Musée Suisse du Vitrail et Directeur du Centre Suisse de recherche et d'information sur le vitrail, Romont) a pu les situer comme étant des panneaux de la verrière orientale du chevet (voir à ce propos le livre sur "les vitraux de la Fille-Dieu de Brian Clarke", éditions Benteli 1997). Ces trois panneaux étaient toutefois trop isolés et les informations trop ténues pour pouvoir envisager leur repose dans l'église, de toute manière exclue pour des questions de conservation de ces vitraux (de ces derniers, deux sont d'ailleurs exposés désormais à Romont, en prêt du MAHB).
 

Le projet d'ensemble

Le sanctuaire

        
Les vitraux de Brian Clarke

- Le choix de l'auteur des nouveaux vitraux ne s'est pas fait sur la base d'un concours mais de contacts spontanés que les moniales ont pris avec divers artistes. Dans ces contacts, les moniales ont été accompagnées par un petit groupe de travail, constitué de deux architectes (A. Page, T. Mikulas) ainsi que de S. Trümpler et du Chanoine Gérard Pfulg de Fribourg.

- Suite à un premier contact avec M. Trümpler d'abord, puis avec les moniales et les architectes, Brian Clarke a présenté en septembre 1995 un projet complet pour les quatorze fenêtres de l'église, sous la forme de planches en couleurs au 1/5. Ce projet a de suite conquis la grande majorité des moniales, des architectes, des membres du groupe de travail et du comité de l'Association.
Une polémique a toutefois eu lieu concernant la question de l'intégration de cette oeuvre dans l'église restaurée. Quel dialogue l'oeuvre va t'elle avoir avec l'église restaurée ? Est-ce qu'elle ne va pas "écraser" l'édifice par sa forte présence ? La couleur des vitraux ne va-t'elle pas compromettre l'intelligibilité des peintures murales, déjà très fragmentaires ? La discussion a aussi porté sur la comparaison de cette oeuvre avec les vitraux cisterciens primitifs du XIIe siècle, à motifs géométriques répétitifs et sans couleurs. Il est à noter toutefois que l'Ordre des cisterciens a assez rapidement intégré dans l'architecture de ses églises des vitraux colorés. C'était le cas au XIVe siècle, époque de construction de la Fille-Dieu.

Pour finir, l'oeuvre de Brian Clarke s'est imposée par sa qualité et a été réalisée, pratiquement sans modification, d'après les cartons originaux.
 
Fenêtres sud de la nef      
- Cette oeuvre ne "s'intègre" pas, si on considère comme intégration l'effacement devant les éléments présents ou une discrétion quasi absolue devant l'existant. Elle participe, par contre, à former avec les autres éléments architecturaux la qualité de l'architecture de l'église. En ceci, cette création est dans la droite ligne de la démarche de l'artiste qui parle de son travail comme d'un "art architectural".

- La composition des vitraux reconnaît la structure spatiale et formelle de l'édifice, ses rythmes, ses temps forts. Le dessin de chaque vitrail, composition non figurative, peut être considéré pour lui-même mais également comme une pièce d'une composition d'ensemble, avec ses temps forts, ses axes, ses rythmes et une progression sensible depuis l'ouest de la nef jusqu'à la grande verrière du chevet.
Les vitraux de la nef donnent une ambiance chaude, avec les tons verts-orangés des vitraux sud d'où vient la lumière du midi.
Les vitraux nord donnant sur le cloître sont traités dans des tons plus retenus, à dominante bleue. Les verres de ces derniers sont translucides, car ils ne sont traversés que par la faible lumière du nord passant par le cloître. Les vitraux du sanctuaire donnent une ambiance bleutée dans le secteur de l'autel.

Par la couleur, les vitraux créent dans l'église une ambiance de caractère "spirituel" très pertinente. "Le mouvement chromatique se réfère au trajet du soleil, en partant du bleu mystique et matinal dans le sanctuaire, vers des tons chaleureux dans la nef" (S. Trümpler).
Le dessin de formes libres, animant une surface très rigoureuse faite d'une trame de petits carrés, peut être considéré comme une expression moderne de vitrail cistercien.

- La couleur a joué, dès l'origine de sa construction, un rôle important dans l'architecture de l'église. Au XIVe siècle, par exemple, le décor peint de couleur de base rouge (filets, encadrements, ...) rassemblait des ouvertures disposées de manière irrégulière sur des murs
lisses et nus. On peut estimer que les vitraux jouent, dans l'église restaurée, le rôle architectural qu'avait le décor peint mural au temps de la construction de l'édifice.
 

Fenêtres nord et est de la nef, oculus ouest      

- Dans son premier projet, Brian Clarke n'avait pas fait de dessin pour l'oculus de la façade occidentale, estimant que la course mouvante des nuages était plus belle que tout vitrail qu'il pouvait faire à cet endroit. L'oculus est en effet la seule ouverture dans l'église d'où le regard peut s'élever directement vers le ciel.
Pour finir, l'artiste a fait un projet d'oculus afin d'équilibrer la présence de cette fenêtre avec les autres vitraux. Ce projet a été présenté en décembre 1996 et posé en avril 1997.

Le dessin de l'oculus est très sobre. Sur un fond de verre uni est posée une surface rectangulaire, verticale, tramée de petits carrés. Ce rectangle est axé et s'appuye sur le bas du cercle de l'ouverture. Par rapport aux autres vitraux, l'oculus procède par une sorte d'inversion, puisque ce n'est plus le verre uni qui sert de figure sur un fond tramé, mais l'inverse.
Le verre est de couleur bleue et verdâtre, de teinte claire. La couleur et le traitement du verre est à rapprocher de l'idée première de garder la présence du ciel visible.
 
Ambiance colorée dans l'église     

- La réalisation des vitraux a bénéficié du soutien généreux de la maison Mifroma, à Ursy, (dir. J.-Cl. Rossier), principal et presque exclusif donateur de ces vitraux.
Brian Clarke et Mère Hortense, Abbesse, lors de la fête de l'inauguration
  Autres informations sur Brian Clarke et sa réalisation à Romont
  • Fichiers PDF de présentation des vitraux : page a et b
  • Article sur les vitraux de la Fille-Dieu dans les Actes des rencontres internationales du vitrail à Troyes, France (2015)
  • Compte-rendu sur les vitraux de la Fille-Dieu et leur histoire, par Mme Josette Oberson (juin 2013)
  • "Let there be light-and color" article sur les vitraux de Brian Clarke dans la revue TIME du 18 novembre 1996
  • Le site officiel de l'artiste Brian Clarke
  • Le site de la Mayer’sche Hofkunstanstalt GmbH (Mayer of Munich) qui a réalisé les vitraux
  • Brian Clarke (born in Oldham, Lancashire, England, July 2, 1953) is a British artist
  • L'exposition sur les vitraux de Brian Clarke au Vitromusée de Romont, du 21 novembre 2010 au 3 juillet 2011, évènement est à mettre en relation avec l'inauguration du nouveau vitrail de Brian Clarke à l'Abbaye de la Fille-Dieu à Romont. Cette nouvelle création de 2010 remplace l'oculus créé en 1996 et qui a été détruit lors de la tempête du 23 juillet 2009. L'inauguration et la bénédiction du nouveau vitrail ont eu lieu le samedi 20 novembre à 15 h 00 à la Fille-Dieu
  • Info sur le vitrail de la Fille-Dieu sur la page du vitrail américain
  • Reportage TV suisse romande sur les vitraux de Brian Clarke, téléjournal du 13 janvier 2011
  • Article dans La Liberté du 22 novembre 2010 sur l'inauguration du nouveau vitrail de Brian Clarke
  • Phillips de Pury & Company presents an exhibition of selected painting and stained-glass works by the artist and forerunner of contemporary stained glass, Brian Clarke, to be held at the company’s New York galleries. Exhibition 13 September – 1 October 2008
  • Monday 17h October, 10 pm on BBC FOUR: Colouring Light: Brian Clarke - An Artist Apart. A film by Mark Kidel
  • Atlantes and astragals, exhibition of paintings and stained glass by Brian Clarke London, december 2011
  • Article du 31 juillet 1998 dans le New York Times
  • Article sur les vitraux dans la revue "Bonne nouvelle", octobre 2016


  • Autres artistes verriers
  • Les verriers suisses sur le site de Verarte
  • Louis-René Petit d'Orléans
  • Guy Kemper, de Versailles USA


  • Divers
  • Centre Suisse de Recherche et d'Information sur le Vitrail de Romont et sa création en 1987
  • Romont, 15 avril 2011, symposium sur le verre - élément de création dans l'architecture.
  • Le site de la galerie Tony Shafrazi à New York
  • Le site du Corning Museum of Glass

  •  

    Réalisations Fille-Dieu Vitraux de Brian Clarke

      haut de cette page