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  Réalisations Fille-Dieu Charpente de l'église

Réalisation

 1990 - 1996

Abbaye de la Fille-Dieu, Romont      Charpente de l'église

Conception statique et réalisation
 

- Le projet de charpente a été guidé par des considérations de nature historique, architecturale et statique.
Les traces archéologiques contre le mur oriental de la nef ont donné de façon précise la forme du plafond de la nef. Le parti général de restauration proposant la restitution de la volumétrie ancienne de l'église, il s'agissait de reconstruire une nouvelle toiture formellement compatible avec les structures anciennes, restaurées ou restituées.

La forme historique du plafond était connue avec précision. La forme de la toiture n'était pas donnée de manière immédiate, mais a pu être déduite d'un certain nombre de paramètres, dont les traces de la toiture de raccord contre le bâtiment du couvent, au nord de l'église. Sa structure ancienne, par contre, n'était pas connue.

Dès lors, il ne s'agissait pas de restaurer une charpente existante ou disparue, mais de répondre de manière rationnelle à un problème structurel donné, tenant compte en particulier du problème statique sous-jacent des murs médiévaux.
Le projet        
- La charpente nouvelle devait, comme les précédentes, reposer sur les piliers de la nef centrale et sur les murs latéraux (sud et nord) de la nef. Elle ne devait pas comprendre de tirants transversaux, pour ne pas rompre la continuité du vaisseau central.

Le mur sud posait problème, car il présentait, sur une hauteur de deux étages, un faux aplomb de 18 cm environ vers l'extérieur. Cette déformation a pu être provoquée par une poussée de la charpente primitive sur les maçonneries, peut-être fragilisées par le percement de trois fenêtres peu avant ou peu après la consécration du 10 avril 1346 (des coins de bois calant leurs claveaux ont été coupés en automne-hiver 1345/1346 d'après la dendrochronologie).
Il fallait donc absolument éviter de nouvelles poussées horizontales sur le mur sud, de la part de la charpente par exemple.- Le dialogue entre l'architecte et l'ingénieur spécialisé en construction de bois a permis de définir un concept statique tenant compte des divers paramètres en question. Dans le parti retenu, le plancher des combles sur les bas côtés a été utilisé comme grande poutre horizontale reportant les poussées horizontales sur les murs pignons, qui remplaçaient ainsi les contreforts inexistants en façade sud.

Les murs pignons ont été consolidés de manière à pouvoir absorber ces efforts horizontaux. Le mur ouest ayant été partiellement reconstruit en partie haute (mur triangulaire plein remplaçant le pignon à demi-croupe percé de fenêtres de 1872), un chaînage en béton a pu être intégré au milieu du mur, créant un cadre solide qui passe par dessus l'ouverture de l'oculus.

La consolidation du mur Est a été plus difficile. Ce mur comporte une grande ouverture (l'arc triomphal) créant la liaison entre la nef et le sanctuaire. Au dessus de cet arc, la maçonnerie ancienne ne dépasse le haut du plafond médiéval que de 20 cm environ. Cette partie du mur porte d'ailleurs l'une des fresques les plus importantes de l'église (peintures du XIVe siècle) et présentait une fissuration importante.
Le haut du mur a été rechargé d'une assise de boulets liés à la chaux, pour l'isoler de la structure de consolidation, puis un voile en béton de 25 cm d'épaisseur a été coffré sur tout le haut du mur, de manière à solidariser les deux bas-côtés et à répartir la poussée de la charpente sur toute la masse du mur. Un chaînage de 30 cm de haut et 40 cm de large a aussi été bétonné sur le haut des murs
latéraux de manière à répartir la charge de la charpente sur une large portion du mur.

- Il fut admis que la charpente nouvelle ne serait pas visible dans l'église terminée, puisque le projet prévoyait la restitution du caractère spatial de la nef ancienne, où les éléments dominants étaient le plafond polygonal et les colonnes en chêne.
Le résultat ne manque pas d'élégance formelle, mais il est réservé aux visiteurs s'aventurant dans les combles de l'église de pouvoir contempler cette réalisation.
Montage de la charpente        
- La charpente est composée de pièces moisées, dont une série de fermes placées sur les appuis principaux (rythme des piliers). Les arbalétriers des fermes principales (16 x 20 cm) sont placés dans le plan des chevrons, facilitant ainsi la pose de la couverture.
La toiture, constituée de tuiles plates et d'un lambris de 16 mm, est portée par des chevrons de 8 x 14 cm.

- Le plancher des bas côtés est formé de planches de 30 mm d'épaisseur, posées longitudinalement en décalant les joints. Ce plancher est posé sur des solives de 6/24 cm. Le contreventement est réalisé par des bandes métalliques perforées (rubans BMF 2/60) clouées en diagonale sur les solives. Les même rubans sont utilisés pour réaliser le contreventement longitudinal de la toiture et relient le haut du toit jusqu'au niveau de la panne sablière.

- La structure de la charpente est régulière, orthogonale et symétrique suivant l'axe est-ouest de l'église.
La forme irrégulière du haut du mur sud a été absorbée au niveau de l'avant-toit, dont le réveillonnage suit la forme du mur et de sa corniche.
La structure terminée      

- La pose de la charpente a été un moment heureux et spectaculaire dans l'évolution du chantier. Il est à noter que, pour les spectateurs présents, la vision des piliers rythmant l'espace de la nef a donné de façon claire la sensation de se trouver à nouveau dans une église. La vision seule des murs périphériques (alors que le démontage des structures intérieures de 1873 avait déjà permis de lire visuellement les dimensions de la future nef) n'a pas suffi à donner cette impression, offrant tout au plus celle d'une ruine.
On peut en déduire que la manière dont les piliers rythment et structurent l'espace est déterminante pour la perception de l'espace architectural et son identification, et donc que la restitution des piliers dans leur forme et leur emplacement était essentielle pour rendre compréhensible la nature du monument.

Informations complémentaires : Restauration de l'Abbaye de la Fille-Dieu à Romont, IBOIS-EPFL, cycle d'études postgrades, avril 1994

 

 

partenaires du projet de charpente

 

Ingénieur civil (structure bois) : Natterer Bois Consult SA, Etoy (M. le Prof. J. Natterer)
Entreprise de charpente André Clément & Fils SA, 1680 Romont
   
 

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