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Réalisations Fille-Dieu Charpente Piliers en chêne |
Réalisation 1990 - 1996 |
Abbaye de la Fille-Dieu, Romont Piliers en chêne de la nef Ils ont porté et ils porteront |
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- Lors de la restauration de 1965, les deux piliers portant la charpente de la nef orientale ont été débarrassés de leur enrobage de plâtre, datant de 1873 et de 1908 pour le chapiteau abaissé. Sous le plâtre, deux fûts rectangulaires chanfreinés en chêne ont été identifiés comme étant des piliers anciens, datant sans doute du Moyen-âge. La surface verticale portait un motif décoratif formé de petits points noirs. Le bas des piliers reposait sur des socles en pierre datant de 1873. Le haut était masqué par les arcs de 1908, en plâtre, et n'avait pu être étudié en 1965. En 1990, les piliers ont fait l'objet d'une datation dendrochronologique. L'abattage des chênes a été situé au cours de l'hiver 1451-1452. La création de ces piliers peut donc être mise en relation avec les travaux du milieu du XVème siècle, connus par les textes historiques. On ignore si cela signifie que la charpente a été reconstruite entièrement en 1452. Une reconstruction partielle est possible, liée à la reconstruction du clocheton par exemple. La fouille du sol a révélé les fondations des poteaux (deux rangées de quatre fondations) subdivisant la nef en cinq travées de dimensions irrégulières. |
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démontages et découvertes | ||
- La nature de la partie supérieure des
piliers a pu être clairement identifiée. Les piliers présentaient des
encoches latérales attestant de l'existence de bras obliques, disparus.
L'angle précis a pu être défini par l'étude des encoches. |
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Les bases | ||
- Les bases des piliers, coupées en 1873, ont
également été reconstituées. Le pilier nord avait été sectionné au dessus du raccord base-fût, ne donnant aucune indication intéressante. Sur le pilier sud par contre, le raccord était clairement lisible, la base ayant été bûchée sur toutes les faces et les chanfreins. Par chance, les empreintes des bases ont été découvertes lors de la fouille du sol. Ces empreintes se sont formées lors de l'exhaussement du sol au XVIIIe siècle, par l'enrobage de mortier des bases rectangulaires un peu plus larges que les piliers, aux angles chanfreinés sur 2 cm de largeur. Seule la moulure de raccord entre base et fût a été interprétée en s'inspirant des congés observés au sommet des piliers et des exemples comparables. - Le mur ouest de la nef a été presque entièrement reconstruit en 1873, sauf la partie basse. Le mur Est conservait par contre les trous de pose des deux sommiers posés sur les piliers, dont le niveau était dès lors connu avec précision. Cet ensemble de données a permis de connaître de manière exacte la forme, la hauteur, la disposition et le nombre des piliers anciens. Sur cette base, la restitution a pu être envisagée. Elle a été retenue pour permettre une intégration architecturale des parties anciennes. |
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Nouvelles pièces | ||
- Les piliers neufs ont été réalisés dans
du chêne massif, provenant d'arbres abattus en 1990 dans la forêt du
Galm (région de Morat FR) par une tempête. Les chênes ont été séchés de
manière artificielle, et le coeur a été percé sur toute la longueur
pour limiter les fissures de retrait. La surface a été laissée naturelle. Le projet initial de traiter la surface à la hache a été abandonné. La surface du bois a été passée avec une brosse nylon, accusant la veine du bois. |
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Analyse par ultrasons | ||
- Le projet prévoyait évidemment de
remettre en place les piliers de 1451 dans la nouvelle structure. Cette
réutilisation a toutefois provoqué des réticences importantes de la
part du charpentier. Pour faire face à ses objections et aux craintes
du maître d'ouvrage, les piliers ont été testés avec un appareil à
ultrasons, développé par l'institut de recherche de l'IBOIS EPFL
L'appareil mesure la vitesse de propagation des ultrasons dans le bois, entre deux sondes placées aux extrémités de la pièce. La vitesse est proportionnelle à la qualité statique de la pièce. Des normes qualitatives ont pu d'ailleurs être établies pour l'épicéa, grâce à un programme de recherche et des essais systématiques. Pour le chêne, de telles références ne sont actuellement pas disponibles et n'ont pas pu être appliquées. L'essai comparé entre les deux piliers anciens et les pièces neuves ont toutefois donné des valeurs meilleures pour les pièces anciennes ! Cette différence peut s'expliquer par le taux d'humidité des pièces neuves, qui a une influence défavorable sur le résultat. On peut penser toutefois que le chêne de 1451 qui a subi durant plus de cinq siècles le poids de la charpente de l'église, présente une densité et une résistance intéressantes. |
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Restauration des piliers | ||
- Aucune intervention de consolidation n'a
été faite sur les fentes verticales que l'on pouvait observer sur les
piliers anciens. L'aubier et l'écorce visibles sur une des faces du
pilier sud ont été maintenus. Les parties hautes, bûchées en 1873, ont
été restaurées. Les pièces neuves, en chêne, ont été chevillées et
collées. Les pièces de remplacement ont été laissées en bois naturel.
Les parties neuves se distinguent aisément de la pièce ancienne
authentique. - Les piliers du XVe siècle ont donc pu être réintégrés dans la nouvelle structure et reprendre leur fonction statique. Ils n'ont toutefois pas été replacés dans la travée centrale, la plus chargée statiquement (portée 7.20 m1, poids supplémentaire dû au clocheton), mais dans la première travée vers l'entrée ouest. |
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