La création de logements dans un ancien rural représente un changement d'affectation et des enjeux particuliers au niveau architectural.
Parmi les fermes construites sur le plateau suisse dans le courant du XIXe siècle, beaucoup ont disparu ou ont été transformées sans ménagement. Il subsiste néanmoins un grand nombre de ces constructions qui ne sont plus dévolues à la fonction agricole
mais dont le caractère architectural, heureusement, a été préservé. Certaines sont classées ou protégées comme monument historique, mais l'ensemble de ces constructions, y compris les plus modestes, constitue un patrimoine témoin du passé agricole de ce pays et un élément indissociable du paysage et de ses caractéristiques.
Au niveau architectural, l'affectation au logement représente un défi particulier, dans la mesure où l'on souhaite conserver le caractère particulier de ces constructions anciennes tout en créant des logements répondant au confort moderne et aux exigences contemporaines en matière de gestion des ressources énergétiques.
Si la forme exprime la fonction, quoi de plus éloigné, en effet, au niveau
de la fonction, entre des étables pour animaux et espaces de stock pour fourrage, et l'habitation contemporaine ! La recherche de solutions spécifiques s'impose donc, tant au niveau de l'organisation des espaces que, surtout, de l'introduction de la lumière naturelle nécessaire pour les espaces d'habitation.
Les règles d'urbanisme autorisaient le propriétaire la création de deux logements supplémentaires et d’un studio, en plus de l'habitation historique qui se trouvait dans la partie sud de cette grand ferme vaudoise
de 1863.
Quelques grandes options ont donc été retenues comme base de projet :
- Maintien des espaces du rez-de-chaussée (anciennes écuries) comme zone de rangement et de service. Installation des logements dans la partie haute du bâtiment en profitant de l’espace sous la toiture.
- Utilisation de la belle entrée du pont de grange comme accès principal et transformation de ce dernier en « rue intérieure » desservant les nouveaux logements.
- Remplacement du pignon sud et sa couverture en tuiles (à l’origine couvert de tavillons probablement) par une claire-voie en bois, qui permet de donner depuis le dehors une impression de fermeture tout en modulant la lumière dans l’espace de séjour du nouveau appartement.
- Création d’ouvertures modestes dans la toiture (velux de faible dimension)
- Création de baies vitrées dans la partie latérale de la grange, en arrière de la claire-voie existante (ancien bûcher), de manière à modifier de manière minimale le caractère du bâtiment.
- Utilisation créative des demi-niveaux existants pour créer une spatialité riche et différenciée des espaces intérieurs.
- Dans un premier temps, un appartement et le studio sont créés, la partie
nord de la grange sert d’espace en friche laissé à une étape
ultérieure. |