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  Réalisations Fille-Dieu Clocheton et coq

Réalisation

 1990 - 1996

Abbaye de la Fille-Dieu, Romont      Clocheton et coq

Au sommet de l'oeuvre
 

- La création du clocheton est liée au déplacement du choeur des moniales dans la travée centrale de la nef. Lors des offices, les cloches sont sonnées à la main, une des moniales tirant sur les cordes qui descendent librement jusqu'aux stalles. L'emplacement des cloches directement au dessus des stalles est donc impératif du point de vue liturgique.
Il est tout aussi important du point de vue architectural. De l'extérieur, le clocher marque l'emplacement du choeur monastique, qui est également le coeur et le centre de gravité des bâtiments monastiques.


- Historiquement, le clocheton construit en 1451 devait logiquement se situer au dessus de la travée de 7.20 m, dont la largeur est sans doute due à la présence des stalles des moniales à cet endroit. Cette travée est pratiquement carrée et, bien qu'elle se situe plutôt à l'est de la nef, nous l'appellerons travée centrale.
Le clocheton qui a été reconstruit en 1671 d'après les textes a pu être maintenu à cette même place, la tribune occidentale s'avançant fortement dans la nef. Il n'existe aucun document graphique concernant ces deux clochetons.

Le clocheton baroque    

- Le transfert des stalles dans l'aile est du couvent au XVIIIe siècle a été logiquement accompagné par la reconstruction du clocheton au-dessus du nouveau choeur. Ce clocheton, qui est clairement visible sur les dessins de 1761, existe toujours de nos jours. Sa couverture en écailles et bandes de cuivre a été refaite à neuf il y a quarante ans. Sa base est octogonale, et il est tourné sur la diagonale par rapport au faîte du toit du couvent. Il est coiffé d'une toiture en forme de bulbe qui se finit par une longue hampe, portant une effigie mariale. Il contenait deux cloches, l'une de 1731 (Sol) et l'autre de 1975 (Ré #). Ces cloches ont été déplacées et reposées dans le nouveau clocheton, pour conserver la sonorité habituelle.
- Le clocheton baroque est un témoin d'histoire. Il n'était pas envisagé de le déposer. Etant donné le choix de conserver à l'espace du choeur monastique de 1724 une fonction liturgique (chapelle intérieure pour les moniales), le clocheton ancien pourrait retrouver, avec de nouvelles cloches, un usage qui reste à préciser.
Projet du nouveau clocheton situé sur l'église    

- La construction du nouveau clocheton devait signifier, du point de vue architectural, le transfert du choeur monastique vers la partie orientale de la nef de l'église. Le nouveau clocheton devait donc formellement dominer sur l'ancien qui était maintenu.

- A partir du moment où l'emplacement des stalles était décidé (et précisé par la découverte du rythme historique des piliers), l'emplacement du clocheton était pratiquement déterminé, à savoir dans l'axe de la seconde travée de la nef. Cet emplacement donne, visuellement, une situation équilibrée par rapport à la dimension de la toiture.
Un des aspects délicats à régler du point de vue architectural était sans doute le rapport du nouveau clocheton avec le clocheton baroque, qui a été maintenu sur le bâtiment voisin. Il s'agissait de chercher la juste distance formelle entre les deux éléments, ni trop proche (si le clocheton était trop semblable au précédent, on aurait eu la désagréable impression de voir son petit ou grand frère), ni trop contrastée (pour ne pas perdre l'unité d'ensemble). Un fait intéressant que nous avions observé était que le clocheton baroque, de forme octogonale, était tourné sur la pointe par rapport au faîte de la toiture, ce qui avait l'avantage de l'alléger formellement.

Pour le nouveau clocheton, nous avons donc choisi de le tourner sur la pointe par rapport à la direction de la toiture (similitude) et de le faire sur base carrée (différence). L'allusion au clocheton gothique qui avait sans doute existé à cet endroit pouvait être lue, au second degré, par la silhouette générale de la flèche effilée montant vers le ciel.
La position du carré sur la diagonale donne en outre, par rapport à la masse de l'ensemble de la toiture, un effet assez dynamique.
 
Le travail de Joseph Doutaz, tavilloneur Joseph Doutaz     
- Le revêtement du clocheton a également fait l'objet d'une longue discussion. Parmi les variantes envisagées (tôle de zinc ou de cuivre, tuiles...), le tavillon en épicéa fut finalement retenu.
Le tavillon (écailles de bois à recouvrement latéral) est un matériau traditionnel de la région, même si son usage s'est surtout maintenu dans le district de la Gruyère et dans les Préalpes. Sur place, on peut voir un revêtement en tavillons ancien sur le pignon Est de la grange monastique, dont la construction remonte à 1728. Les textes historiques font mention de tavillons sur l'église mais ne permettent pas d'en localiser l'emploi.
La technique du tavillon exige de l'artisan spécialisé un savoir complexe, dont le premier stade est le choix des bois en forêt. Le bois coupé en billes est fendu à la main, en respectant la fibre du bois, condition essentielle à sa conservation. La pose doit respecter aussi des règles précises, de manière à ce que l'eau s'écoule facilement du revêtement en tavillons.

La flèche du clocheton, de par la pente quasi verticale de ses faces, se prêtait bien à la pose du tavillon. L'angle vif de la flèche et de la souche du clocheton a été fait sans difficultés. Sur la partie réveillonnée de la flèche, dont la pente était plus douce, le tavillon a été posé suivant un arrondi. Vu depuis le sol, l'esthétique de ces deux parties s'équilibre de manière correcte.
Le tavillon est posé non traité, le bois prenant assez rapidement une patine grise. Les ferblanteries ont été réalisées en zinc-titane, dont la teinte grise s'apparente à celle du bois patiné.
Croix et coq

(réalisation André Bonzon)

       
La croix et le coq du clocheton

- Le dessin de la croix du clocheton et de son coq est également un projet d'architecte, bien que ce travail soit d'ordinaire plus de l'attribution d'un sculpteur plasticien. Suite à la présentation d'un premier projet, peut-être trop sobre, le programme iconographique a été enrichi de la présence d'un coq au sommet de la croix.
Le projet est représentatif de la démarche générale du projet de restauration. Les qualités expressives identifiées chez plusieurs croix anciennes étudiées à titre d'exemples ont été reprises (proportions générales de la croix, couleur noir et or, enrichissement de la partie centrale et des extrémités des bras, position de la croix sur une boule...), mais interprétées de manière contemporaine, et dans une volonté d'expression symbolique (les volutes reliant au centre les bras de la croix sont devenues une figuration de la couronne d'épines, enrichie d'éclats dorés, évoquant la résurrection).
Mise en place, le 2 décembre 1993 Joseph Doutaz, tavilloneur, et son aide    André Bonzon, ferronier d'art, surveillant l'attache de la croix avant sa pose sur le clocheton  le coq au sol, avant de prendre de la hauteur
  Mère Hortense, Abbesse, et Michel Schmoutz, syndic de Romont, surveillant la précision de la pose      le soir tombre sur Romont, la flèche a été mise en place
Pose du clocheton

- La base du clocheton, jusqu'au niveau des cloches, a été construite en même temps que la charpente, en automne 1992. La flèche a été construite au sol en été 1993, y compris le revêtement de tavillons et la tôlerie, puis posée à l'aide d'une grue mobile.

- La pose de la flèche a modifié de manière spectaculaire la silhouette du monument et son identité architecturale dans le paysage.
La flèche élancée a ajouté à l'ensemble des bâtiments et à l'église en particulier un accent vertical de nature à renforcer le caractère symbolique de l'architecture et favoriser son identification en tant que haut lieu de la foi.

 

Transfert des cloches en 1996      
 

 

 

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