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  Réalisations Fille-Dieu Aménagement intérieur de l'église

Réalisation

 1990 - 1996

Abbaye de la Fille-Dieu, Romont      Aménagement de l'église

Des pierres pour la prière
 

Dispositions générales

- Le concept général d'aménagement de l'église repose sur la volonté de réhabilitation du bâtiment en tant qu'église abbatiale, c'est à dire dans la répartition d'une triple polarité:
   - le choeur des moniales, en tant que lieu de la communauté monastique,
   - la nef occidentale, lieu des laïcs,
   - le sanctuaire, lieu de la célébration eucharistique.
Les moniales et les laïcs forment une assemblée unique et unie dans la prière. La mise en place de ces trois parties était aisée et dictée par l'architecture de l'édifice. Le sanctuaire occupe sa place qui a été la même dès le XIVe siècle. L'autel nouveau a été placé, à peu de choses près, à l'emplacement de l'autel médiéval.

Les stalles des moniales ont été placées dans la travée large de la nef, à l'emplacement présumé des stalles médiévales. Les laïcs entrent par la porte occidentale et restent en retrait de la clôture monastique.
L'expression de cette clôture monastique a fait l'objet d'une importante réflexion et de longues discussions et études de variantes. Il fallait en effet la marquer tout en conservant l'effet d'une assemblée unique. Il fallait diviser mais ne pas séparer, marquer une frontière sans signifier un rejet, marquer le territoire des moniales tout un signifiant une volonté d'accueil. Cette discussion s'est en particulier focalisée sur la question des retours des stalles.
 
Les stalles

- A la Fille-Dieu, des stalles ont dû exister dans la nef dès le XIVe siècle. Rien ne nous a été transmis de ce mobilier-là.
Les stalles du XVIIe ont par contre été conservées. Elles ont été créées en 1618 pour le nouveau choeur monastique situé sur la tribune occidentale de la nef. Elles sont en bois de chêne.
Le panneau dorsal des stalles hautes est orné d'un motif architectural formé d'une arcature rythmée de pilastres cannelés. Les pilastres sont coupés en deux par une parclose découpée, d'une expression relativement rustique par rapport à l'ensemble des stalles.
Le dais, profond de quelques 25 cm, se termine par une corniche portée par une rangée de petits modillons, rythmée de cartouches au motif de pointe de diamant. L'ensemble est d'un classicisme sobre dont se dégage une impression de dignité.

Les stalles, de Billens à la Fille-Dieu        

- Ces stalles ont été une première fois démontées et remontées vers 1726 dans le nouveau choeur monastique, situé dans l'aile Est du couvent baroque. Elles ont été offertes en 1911 et transportées à l'église paroissiale du village de Billens (à 5 km de Romont).
Le montage des stalles à Billens en 1913 était assez maladroit. Dans un choeur trop petit, les stalles étaient montées de manière disparate, les dorsaux non utilisés servant de devant d'agenouilloirs. Le remontage à la Fille-Dieu a représenté une restructuration bénéfique de cet ensemble de stalles.
- Il ne restait rien des stalles basses, connues par une photographie de la fin du XIXe siècle. Les stalles basses ont été recréées en s'inspirant des sièges hauts et de la photographie, pour des questions de cohérence architecturale.
- La résolution architecturale de l'extrémité ouest des stalles (retours) a fait l'objet d'abondantes discussions.

Un retournement, même partiel, des panneaux dorsaux sur la largeur de la nef (à l'image de ce qui existe à l'Abbaye de Hauterive (FR) par exemple), aurait eu pour conséquence une coupure physique assez forte entre le choeur des moniales et la zone occidentale de la nef.
Cette coupure trop importante ne correspond pas à la sensibilité actuelle de la communauté des moniales et de manière générale à l'esprit du Concile Vatican II. Elle aurait eu aussi le désavantage de priver la majeure partie de la partie ouest de la nef de la vue sur l'autel.
La variante droite, sans retours, a également été écartée. Traditionnellement, l'un des sièges transversaux est occupé par l'Abbé ou l'Abbesse qui a ainsi, symboliquement, la communauté sous son regard. Une disposition droite n'aurait pas satisfait les exigences de la tradition cistercienne.
Une solution de compromis a donc été définie entre ces exigences contradictoires. Les stalles anciennes ont été montées en deux rangées droites de dix stalles. Entre les stalles hautes, un groupe de stalles basses, sans dorsaux (deux rangées de neuf stalles) a été créé.
Du côté ouest, le retour est formé par deux groupes de stalles hautes, mais sans dorsaux. Ces stalles sont reliées aux stalles hautes avec dorsaux par un portillon latéral. Elles forment par ailleurs la clôture monastique, qui se prolonge au centre des stalles et dans les bas-côtés par des balustrades basses, munies de portillons .
Ces balustrades latérales ont été formées avec des éléments anciens récupérés (ancienne table de communion ?) retrouvées lors des démontages et datant sans doute du XVIIe ou XVIIIe siècle. La balustrade centrale est une copie.

   
Le mobilier liturgique

- Le mobilier liturgique a été réalisé suivant le projet des architectes. Sa réalisation (taille de la pierre) a bénéficié du concours de l'aide amicale et compétente de Frère Simon de l'Abbaye d'Aiguebelle (Drôme).

L'autel
- L'église a subi au cours des siècles de nombreuses transformations et modifications assez substantielles de son aménagement. L'emplacement de l'autel majeur a toutefois connu une grande stabilité et son emplacement est resté pratiquement immuable.
L'emplacement de l'autel médiéval est connu de par les fouilles faites lors de la restauration de 1965. Cet autel, assez large, était placé un peu en retrait du centre géométrique de la travée orientale du sanctuaire. Des relevés existent de cet emplacement, dont les traces archéologiques ont disparu.
Nous possédons une documentation photographique de l'autel néo-baroque antérieur à 1913. Un autel de forme baroque était surmonté d'un baldaquin en forme de coupole.
L'église a reçu un nouveau mobilier néogothique lors de travaux de réaménagement de 1913. Ce mobilier est bien connu car une bonne partie des pièces a été conservée et se trouve en dépôt dans le galetas du couvent, en particulier les deux anges sculptés que l'on trouve sur une photographie ancienne.
- Lors de la restauration de 1965-1968, un nouvel autel, en molasse appareillée, a été créé. Il s'inspirait de la forme de l'autel latéral du bas-côté sud, dont la forme était connue de par la trace au sol et l'arrachement lisible sur le mur.
L'autel de 1965 était de plan carré, pour desservir les deux axes de manière analogue, celui du choeur des moniales et celui de la nef. Il consistait en un socle massif en blocs de molasse et en une dalle monolithique, en molasse également. Cet autel n'a pas été conservé.

Les anciens aménagements      
- Après l'étude de variantes nombreuses, le projet d'un autel en pierre, composé de deux blocs taillés, a été retenu.
Le projet tente de retrouver la sobriété des autels cisterciens historiques, mais en le traitant dans un langage contemporain, puisque cet élément n'est pas une restitution. Des formes géométriques ont été retenues. La dalle, de forme parallélépipédique, est posée sur un socle composé de quatre blocs d'angle qui fusionnent en une pièce centrale qui supporte la dalle de la table.
On peut y voir des considérations symboliques: les quatre blocs d'angle figurant les quatre évangiles qui fusionnent en une Révélation unique, etc... D'un point de vue formel, l'intention était de faire une forme articulée, dont les éléments principaux sont clairement identifiables (la dalle portée, le socle porteur, etc...).
La pierre de la table vient de la carrière de Tavel (Gard). Cette pierre a été choisie à cause de la teinte qui s'harmonise avec les enduits restaurés. Le grain est assez fin. Les blocs ont été débités en France, dans une marbrerie de Frasne. Le traitement de surface (layage) a été fait sur place par Frère Simon et son aide.
La molasse, qui a servi pour la restauration des éléments architecturaux, n'a pas été retenue pour le mobilier liturgique, qui a son expression autonome. On peut constater par ailleurs que la molasse n'est pratiquement jamais gardée visible dans l'église, mais a toujours été badigeonnée.

L'autel de 1996      
Les autres éléments liturgiques

- L'ambon, situé dans la travée occidentale du sanctuaire, reprend le matériau et l'expression architecturale de la table d'autel. Le plateau du pupitre est formé d'une dalle de pierre, posée sur un pied vertical. L'ambon est stabilisé par un petit podium en pierre.

- Un bénitier nouveau a été placé vers l'entrée de l'église, sur un pied indépendant. La cuve est une oeuvre contemporaine fournie par les moniales. Le pied consiste en deux prismes à base trapézoïdale, reliées par une barre et un anneau en bronze.

- La copie de la statue de la Pietà (moulage fait par M. Horky, restaurateur d'art, lors des travaux de restauration de la Pietà originale du XIVe siècle) a été retravaillée par M. Stribrsky, qui a créé une polychromie inspirée de l'oeuvre originale. Cette copie a été installée sur un socle en pierre de Tavel, dans le bas-côté sud.
Ce socle comprend une niche à base elliptique, taillée dans un des angles du socle. Dans cette niche a été placé un plateau à bougies en bronze. Dans l'angle opposé se trouve une armoire pour la réserve de bougies. La porte de cette armoire est plaquée d'une tôle de bronze.

- La statue de la Vierge champenoise du XIVe siècle, que les moniales ont reçu en cadeau, a été placée à l'entrée du sanctuaire, sur une console en métal fixée contre le piédroit de l'arc triomphal.

- Une croix portant un crucifix baroque était placée depuis les travaux de 1965 contre le mur sud du sanctuaire. Les moniales ont renoncé à reposer cette croix sur un mur de l'église restaurée et ont demandé aux architectes de dessiner une nouvelle croix sur pied, qui puisse également servir de croix de procession. Sur cette croix, réalisée peu de jours avant la Dédicace du 31.8.96, a été placé un Christ acquis par ailleurs par les moniales (provenant d'une collection privée) et présumé d'époque romane.

- Parmi les éléments liturgiques intégrés à l'architecture, on peut citer également les luminaires des croix de consécration.
Ces luminaires, qui sont en fait des bougeoirs amovibles, se logent dans des fourreaux encastrés dans les murs en dessous des croix de consécration anciennes ou reconstituées (série de croix liées au décor peint du XVIe siècle). Les bougeoirs ont été coulés en bronze, sur la base du projet des architectes. Ils sont placés dans l'église lors de certaines fêtes et ont servi durant la cérémonie de consécration du 31.8.96.

Autres éléments d'aménagement liturgique       Vierge du Salve d'origine champenoise, XIVe 
La grille baroque

- Une grille en fer forgé a été créée au début du XVIIe siècle pour fermer l'entrée du sanctuaire. Cette grille, attribuée au serrurier fribourgeois Hans Ludvig Karpf (cf. étude de M. R. Blanchard) date des années 1734 - 1735.
Lors des travaux de 1965, la grille avait été débarrassée du vitrage dont elle avait été doublée au XIXe siècle et restaurée. Elle a été alors abaissée pour être placée au niveau du dallage restitué, c'est à dire au niveau du sol médiéval. Les panneaux latéraux avaient été modifiés pour permettre l'ouverture totale de la grille.
Lors de la restauration de 1991-1996, la grille a été remontée de 26 cm et placée au niveau des marches d'entrée au sanctuaire. Le système d'ouverture créé dans les années 1965 a été maintenu mais inversé. Le rail de roulement a été intégré au nouveau dallage.

 
Grille baroque      
La tribune de l'orgue

- La nef de l'église abbatiale a comporté depuis 1618 une galerie surélevée au dessus de l'entrée occidentale de l'église. La disposition de la tribune du XVIIe siècle a pu être déduite des traces archéologiques présentes sur les murs de la nef. Cette tribune était très
profonde, et occupait les deux tiers occidentaux du vaisseau central de la nef. Une passerelle reliait cette tribune à la porte de l'ancien dortoir (au 1er étage, au sud-est de la nef).
Une restitution de cette tribune n'était pas envisageable dans le cadre du projet de restauration. Il fallait toutefois assurer la liaison interne entre les bâtiments, telle qu'elle existait au XVIIIe siècle par exemple.

- Une nouvelle tribune a donc été construite dans le cadre de notre projet. Il s'agit d'un des éléments d'expression contemporaine de cette réalisation. Ni les informations archéologiques ni surtout l'absence de vestiges matériels d'une tribune ancienne ne suggéraient la restitution, à l'identique, d'une tribune disparue.
La tribune repose du côté ouest sur la retranche créée lors de la reconstruction du mur ouest en 1873 et, d'autre part, sur un sommier principal nord-sud qui est porté par quatre colonnes rondes, en bois. Les colonnes se distinguent par leur forme des piliers de la charpente qui sont polygonaux, mais sont proches par le matériau utilisé.
L'ensemble des colonnes forme un portique intérieur délimitant un espace d'entrée dans l'église, et donc un seuil spatial aidant à la transition entre l'intérieur et l'extérieur.

- Constructivement, le principe de la dalle est celle d'une structure massive en planches clouées, à savoir la constitution d'une plaque en bois massif par le clouage de planches placées verticalement. Cette structure a été choisie pour ses caractéristique esthétiques et techniques.
Elle se prête bien, en effet, aux exigences acoustiques de l'orgue éventuel qui devrait prendre place sur cette tribune. La face inférieure présente une surface striée qui a un caractère moderne et sobre. Le garde-corps de la tribune est rythmé par panneaux, divisés par des montants profilés. La surface des panneaux est structurée par des rainures horizontales.
La tribune est entièrement réalisée en bois d'épicéa, provenant des la forêt de l'Abbaye. Des pièces en bronze (anneaux) forment le raccord des colonnes avec le sol et le sommier principal. Ces pièces recouvrent les éléments de liaison en acier.

La tribune occidentale        
Les bancs

- L'église restaurée en 1965 était garnie d'une série de bancs anciens, probablement du XIXe siècle mais qui n'ont pas pu être datés avec précision. Ces bancs étaient en nombre insuffisant, dans un médiocre état de conservation. Ils étaient également assez inconfortables.
Après réflexion, la valeur de ce mobilier n'a été jugée suffisante, ni d'un point de vue historique, ni esthétique, ni pratique pour que ces bancs soient restaurés et complétés pour être intégrés dans le nouvel aménagement.
Les bancs dont l'état de conservation le justifiait ont été réutilisés ailleurs dans le monastère. Certains servent, à ce jour, de mobilier provisoire sur la tribune.

Il fut décidé de créer un nouvel ensemble de bancs, suivant le projet des architectes. Ces bancs, en chêne et d'expression contemporaine, ont été jugés très confortables.

Les bancs de 1996    
 

 

 

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