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Le défi consiste à montrer les différentes voies qui s’offrent aux urbanistes et aux
architectes pour mettre effectivement en
oeuvre la loi révisée sur l’aménagement
du territoire en densifiant l’urbanisation
vers l’intérieur.
La nette acceptation de la révision de la Loi
sur l’aménagement du territoire votée l’an
dernier montre que la population veut qu’il
soit mis fin au bétonnage de nos paysages.
Les Suisses se sont ainsi prononcés pour un
développement des espaces déjà bâtis – soit
des zones urbanisées et déjà constructibles.
La loi révisée est entrée en vigueur le 1er mai
2014. La SIA a soutenu ce cadre légal favorable
au futur déploiement territorial de la
Suisse. Il s’agit maintenant d’appliquer les
instruments de planification à la conception
de projets judicieusement densifiés, afin que
les villes et les zones urbanisées deviennent
des lieux porteurs d’identité et dotés de
personnalité, des lieux d’enracinement où
il fait bon vivre. La surconsommation du
sol et le mitage du territoire ne pourront
en effet être stoppés que si les élus et les
investisseurs, mais aussi les architectes
concentrent leurs réflexions et leurs pratiques
sur la densification du bâti existant.
Instruments de densification
qualitative Le développement de l’urbanisation vers
l’intérieur implique de saisir les opportunités
de transformation comme des défis créatifs
pour déployer tout le potentiel conceptuel et
urbain d’un espace restreint. Il implique aussi
d’envisager le renouvellement de quartiers
entiers lorsque leurs usages et leurs configurations
ne répondent plus aux besoins actuels.
Pour les huit communes de l’ouest lausannois,
c’est un moratoire sur les constructions qui a
permis de déclencher une planification globale.
Cela a libéré le regard pour aborder les
enjeux à une échelle plus étendue. Le projet
«
Malley : reconvertir une friche en ville » vise
la requalification urbaine de zones industrielles.
Autour de la nouvelle gare, un nouveau
quartier destiné à accueillir quelque
8000 habitants et emplois voit ainsi le jour.
Gaspillage d’espace
aux meilleurs endroits
De nombreux lotissements des années 1950
et 1960, dont le bilan énergétique ainsi que
la configuration des logements ne répondent
souvent plus aux exigences actuelles, représentent
un défi urbanistique tout particulier
– notamment lorsque leur modeste densité
est en contradiction avec une implantation
jouissant d’une très bonne desserte en transports
transports.
Outre l’extension raisonnée de bâtiments
particuliers – la SIA en a distingué
quelques bons exemples dans ses éditions
de « Regards » – les communes, les planificateurs
et les urbanistes doivent développer
des stratégies permettant d’améliorer la planification
de pans de ville entiers. Les lacunes
à combler concernent les trop faibles densités,
les espaces publics sous-développés, le
manque d’animation sociale, sans oublier
les ratages architecturaux. Les quartiers
concernés ne constituent souvent plus qu’un
assemblage disparate de bâtiments – formant
des agglomérations de fait urbaines, mais
dépourvues des caractéristiques propres à
la ville.
Une approche porteuse d’avenir de la
notion de densité, donc aussi de la proximité
spatiale entre usagers, exige une recherche
créative appuyée sur une vision réaliste des
possibilités et un large examen des options
envisageables. Les planifications tests
constituent un instrument particulièrement
adapté à cette fin. La procédure réunit des
équipes interdisciplinaires mandatées pour
esquisser des solutions judicieuses en explorant
tout l’éventail des options existantes, et
les membres du jury sont appelés à préciser
la faisabilité des variantes proposées à la
lumière de leurs idées et de leur expertise.
Ainsi consolidés, les résultats d’une planification
test offrent en outre une excellente
base de discussion pour forger l’indispensable
adhésion des parties et des autorités concernées
– une condition essentielle de réussite !
Thomas Noack, responsable Aménagement du
territoire
thomas.noack@sia.ch
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